Michel SMAJEWSKI, dit Michel SIMA, sculpteur photographe.
1912 Slonim (Pologne), 1987 Largentière (France).
1929 : Sur les conseils de son professeur de dessin, part pour Paris étudier le dessin. Il a 17 ans et entre à l’académie de la Grande Chaumière où il étudie le dessin et la sculpture
jusqu’en 1932. Parallèlement, il s’initie à la photographie.
1933 : Il se lie au groupe de Francis GRUBER, Moise KISLING qui l’a encouragé et Pierre TAL-COAT. Il travaille dans l’atelier du sculpteur
FETU jusqu’en 1934. Élève de ZADKINE de 1934 à 1935, il est remarqué par COCTEAU qui lui fait connaître Paul ELUARD et Francis PICABIA, chez qui il participe aux dimanches artistiques,
littéraires et poétiques.
À partir de cette période, travaillant avec les agences de presse, il réalise des reportages
photographiques sur Paris et sur les événements politiques et artistiques qui ont animé les années 30.
Rencontre de MAX ERNST.
En 1935, il partage l’atelier, situé impasse Ronsin à Paris, du peintre René BESSET qui lui
fait rencontrer BRANCUSI, leur voisin.
1936: Il rencontre PICASSO.
1937: il effectue un bref passage dans l’atelier de sculpture de BRANCUSI, impasse Ronsin. Il assiste
le sculpteur COUTURIER
pour l’exécution des projets d’Aristide MAILLOL pour l’exposition universelle de 1937.
Il rencontre Robert DESNOS dont il sera le secrétaire.
C’est à cette époque qu’il fait la connaissance de Picasso et de Gertrude Stein. Il fréquente
l’appartement que Gertrude STEIN
partage avec son frère, rue de Fleurus, à Paris. Au début de la guerre, il est mobilisé à Coëtquidan, incorporé au régiment polonais et se fait réformer.
De 1938 à 1940: il participe à diverses expositions de groupe, partage son temps entre Paris et Vallauris, où il dispose d’un atelier..
1940 : À la débâcle, il arrive en juin chez Pierre Petitjean à Aulus-les-Bains dans les Pyrénées, où des officiers repliés lui commandent trois bustes. Fin
octobre 1940: SIMA quitte les Pyrénées pour retrouver PICABIA à Golf Juan, puis travaille à Vallauris,
et reste en zone libre jusqu’à sa déportation.
1941-42 : préparation d’une exposition avec PICABIA à Cannes.
Germaine EVERLING écrit dans la préface de cette exposition :
"l’exposition originale présentée aujourd’hui par Francis PICABIA et Michel SIMA fait songer à des
ailes de papillons, et à d’ extraordinaires travaux, exécutés en vue d’orner un palais dédié à la reine de
Lilliput ! En cette sombre époque, alors que tant d’êt
res se lamentent sur l’abandon forcé de ce qui était la joie de leurs yeux, voici que les œuvres nous rendent condensé, le
bonheur
fécondant de l’art, si nécessaire à notre équilibre. Réjouissons nous donc d’une manifestation où s’accouple un nom,
immortellement jeune, à celui d’un jeune dont la floraison décèle une maturité précoce ". Cannes 15 juillet 1942
22 août 1942: alors que sa première grande exposition avec Picabia à la Lounge Library à Cannes
connaît un réel succès, il
est arrêté à Golf Juan, emprisonné à Nice et déporté à Auschwitz, d’où il reviendra très gravement malade.
9 mai 1945: Retour des camps, SIMA arrive à Marseille, d’où il repart pour retrouver à Cannes son ami, Dor DE LA SOUCHÈRE, Conservateur du
château d’Antibes. Le 15 mai 1945 : il entre en maison de convalescence à Grasse, où il séjournera quelques mois.
1946 : Dor DE LA SOUCHÈRE propose à SIMA de mettre à sa disposition le second étage du château d’Antibes, celui-ci accepte et en fait son atelier.
De retour à Golf Juan, SIMA retrouve PICASSO qui lui apporte une aide spirituelle et matérielle.
Juin 1946: exauçant le souhait de PICASSO de dessiner la pierre phallique Gréco-phénicienne qui se
trouve au château d’Antibes, SIMA introduit PICASSO au château, où il a son atelier. À partir de cette visite, SIMA
partage son atelier avec PICASSO.
Et tout naturellement pour eux, durant l’été et l’automne 1946, SIMA photographie jour après jour le travail de Picasso au château d’Antibes.
Mais aussi, il se charge de trouver - en ces temps de pénurie - les supports fibrociment,
les couleurs, les fusains indispensables pour que le peintre puisse travailler.
En substence, Françoise Gilot nous dit : «Picasso avait fait de Michel SIMA son Ministre de l’intérieur, comme si
Picasso pouvait avoir un Ministre de l’Intérieur... » New-York, 2007
"Dans une conversation, PICASSO dit un jour qu’il aimerait dessiner la pierre phallique Gréco-phénicienne qui
se trouve au Musée d’Antibes. Je lui fis visiter le musée et c’est ainsi que commença l’aventure Picassienne d’Antibes. Plus tard, discutant
avec des amis, PICASSO me désigne, avec humour, comme le "coupable de la création de ce Musée. » Michel SIMA
Durant cette période, SIMA prarique la céramique, invité par la famille RAMIÉ à travailler dans l’atelier de la poterie Madoura à Vallauris. C’est à
ce moment là que Sima emmène Picasso à Valauris et lui présente Mr. RAMIÉ. C’est le début de la collaboration
entre Picasso et le céramiste.
1948 : Parution, aux éditions René Drouin du premier livre de Michel Sima " Picasso à Antibes ". Poème de Paul ELUARD " PICASSO Bon maître de la liberté " et préface de Jaime SABARTES.
Exposition Galerie LAMBERT à Cannes.
1949 : Exposition de groupe « de PALISSY à PICASSO » à Vallauris.
Décembre 1950 / janvier 1951 : SIMA expose avec Francis PICABIA à Paris à la Galerie Colette
ALLENDY.
Juin 1951 : Exposition peintres et sculpteurs pour le bimillénaire de Paris, organisé par le Comité
Montparnasse.
Janvier 1952 : à la Galerie Henriette NIEPCE (Paris), exposition de nouvelles terres cuites et sculptures émaillées. Le critique de
Combat mentionne cette exposition dans les termes suivants : " Nettement sur le chemin du retour au figuratif, mais épuré, stylisé, voici Sima - jeune sculpteur qu’habite une passion
désintéressée de la recherche plastique qui lui a valu l’amicale estime de Picasso. Il a, à son exemple, une permanente
faculté d’imagination, un don de clairvoyance qui lui fait deviner, dans des galets, des débris
de carreaux de céramique, des racines des beautés que son ciseau précise et dénude. Les statuettes possèdent une élégance
d’arabesque aussi séduisante que les couleurs de ses céramiques ".
De 1950 à 1960, SIMA se consacre à la photographie. Il réalise une importante série de
portraits d’artiste.
C’est le point de départ d’une importante documentation photographique sur les plus grands peintres et sculpteurs
vivant en France, et principalement à Paris, durant les années 50.
La revue Evidences écrit sous la signature de J.A.H. : " Après les chefs-d’œuvre des civilisations anciennes et contemporaines
fouillés par l’objectif et entrant du coup au " au Musée imaginaire ", voici une tentative
et une réussite nouvelles, dues à un jeune sculpteur qui sait aussi manier la caméra. Avec
application et foi, Michel SIMA, pendant des années, s’est astreint à la tâche qu’il s’était
fixée : présenter les grands maîtres de notre époque dans l’aura de la création, les confronter en quelque sorte avec leurs tableaux et leurs
sculptures. Techniquement, les photos sont saisissantes, car c’est toujours la lumière du jour qui
modèle les visages et les mains. Quant à l’affinité perceptible entre l’homme et son travail, elle communique un rayonnement
prodigieux à la personne et à l’ouvrage ".
1959 : Publication par leséditions Fernand NATHAN du second livre de Michel Sima "21 Visages d’Artistes"
1967 : Découverte de l’Ardèche. C’est durant l’été 1967 que la famille SIMA décide de s’y
établir.
" J’ai exposé avec Francis PICABIA à Cannes, une exposition miniature, taillée dans les galets de la Méditerranée, style antique. Le ciel bleu de Saint-Pons et les pierres du Coiron m’ont
inspiré et j’ai repris le même thème ". M. Sima.
Le terrible gel de 1956 n’est pas éloigné. Découvrant la campagne ardéchoise, il remarque les troncs des oliviers morts de ce gel et
décide de les travailler pour les faire revivre : c’est le retour à la sculpture.
Michel Sima pratique aussi la linogravure, du début des années 1960 à 1986.
Depuis 1996, les œuvres de Michel SIMA sont présentées par la galerie Lucie Weill-Seligmann, 6 rue Bonaparte à Paris,et depuis 2007, par
la galerie Fischer, Haldenstrasse 19 à Luzerne en Suisse. D’autre part, le Comité Michel SIMA a été constitué avec pour vocation de promouvoir
la vie et de l’œuvre de Michel SIMA dans le monde de l'art : voir www.michelsima.com
J’ai établi cette notice biographique à partir du souvenir que j’ai des propos de mon père lors de nos discussions, d’éléments d’archive, du
témoignage de Françoise Gilot et des récents travaux réalisés par l’équipe et les partenaires du Musée Picasso d’Antibes sous la direction de son
conservateur en chef Jean-Louis Andral.
Tauriers, le 25 Juillet 2011
Pierre-Emmanuel Smajewski-Sima